A LA LIGNE...
A LA LIGNE
Feuillets d’usine
Joseph PONTUS
La Table Ronde
Ce livre
Qui est à Krystel et lui doit tout
Est fraternellement dédié
Aux prolétaires de tous les pays
Aux illettrés et aux sans dents
Avec lesquels j’ai tant
Appris ri souffert et travaillé
A Charles Trenet
Sans les chansons duquel
Je n’aurais pas tenu
A M.D.G.
Et
A ma mère
***
« C’est fantastique tout ce que l’on peut supporter »
Guillaume Apollinaire
***
Voilà ce qui avertit en préambule le futur lecteur de ce
texte corrosif, surprenant et implacable sur la condition dantesque de ces
prolétaires qui travaillent à la ligne dans ces usines de conserverie de
poisson ou de viande, ces enfers modernes bien cachés.
Aucune ponctuation et des vers libres comme chez Apollinaire
dans Alcools, une alternance de poésie, d’humour et de descriptions crues de l’enfer
des conditions de travail, du rythme infernal, de la dégradation physique et
psychique de ces forçats des temps modernes, voilà ce que nous propose ce
combattant qui a choisi ses armes, la culture et l’écriture pour ne pas sombrer.
Ponthus, qui est
devenu intérimaire après avoir perdu son emploi, a eu heureusement une autre
vie qui lui a fait fréquenter entre autres les auteurs latins, puis Dumas, Apollinaire
et tant d’autres, des chanteurs comme C.Trenet : ce sont ses bouées de
sauvetage contre l’aliénation, l’abrutissement et l'anéantissement qui le menacent à chaque
instant.
Il réussit ainsi la jonction improbable entre deux mondes qui ne se
rencontrent jamais ou presque.
J’ai beaucoup apprécié ce livre et ce style déroutant qui
vous plonge quand même dans la souffrance du quotidien et qui appelle urgemment à la contestation de l’esprit
de ce monde productiviste et consumériste et à un vrai renversement des
valeurs.
Un vrai prolo au style élégant et érudit, et un lanceur d’alerte.
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