NO PASARÁN !
un seul message : Dimanche prochain, "¡No pasarán!" !
Le premier tour de
l’élection présidentielle a livré son verdict, et restent en lice, comme je l’avais hélas pronostiqué, Emmanuel Macron et Marine
LePen.
Une campagne électorale, fortement
impactée et viciée par les affaires touchant les candidats de droite et
d’extrême droite, dont l’impunité et l’immunité avec laquelle le système actuel
les protège légalement, sont assez sidérantes.
Il est grand temps d’en
finir avec cette justice à deux vitesses pour les élus de la République, qui
doivent rester des justiciables comme tout un chacun.
Pour ma part, j’ai longtemps
été hésitant parce que marqué profondément
par mes propres déconvenues électorales récentes : elles m’ont conduit à la
décision irrévocable de quitter le Parti Socialiste et son appareil, qui a
encore produit pour la circonstance, avec Hamon et de façon éclatante, les mêmes
effets dévastateurs liés aux trahisons,
aux coups bas, aux doubles discours, aux manipulations et aux combines
allègrement pratiquées.
C’est le fruit d’une
organisation à la dérive, qui doit, si elle veut se sauver, quitter son
positionnement de parti de notables, comparables à ceux de droite, doublés de carriéristes au long cours :
cela a conduit une bonne partie du PS à déserter le combat politique, culturel et idéologique
en se cantonnant à l’entre-soi, soi-disant gestionnaire, très loin des vraies
préoccupations d’une base militante désorientée par une absence totale de
repères et de valeurs.
A mon sens, le plus brillant
et le plus séduisant des candidats aura été sans contexte Mélenchon, mais son
positionnement européen et sa clémence pour Poutine ou Bachar el Assad, me
rappellent trop « les bilans globalement positifs » des pays de
l’Est, synonymes d’une certaine époque révolue et qui m’avaient conduit à
quitter irrémédiablement le PCF.
Je me souviens d’ailleurs de
la campagne de 1969 où j’avais milité pour Jacques Duclos, un autre tribun hors
pair, homme simple, direct et proche des français de base, qui avait réussi à
rassembler 21,2% sur son nom, à la présidentielle.
J’avais assisté à son
meeting Toulousain dans une Halle aux grains archi-comble.
C’est lui qui avait utilisé
la formule « bonnet blanc et blanc bonnet » pour ne pas avoir à
choisir entre les deux candidats restés en course, Georges Pompidou et Alain Poher qui n’étaient
effectivement que des variantes de la même droite conservatrice mais démocrate et républicaine.
Mais cette formule
aujourd’hui ne peut se transposer au dilemme auquel Jean-Luc Mélenchon est confronté, car Marine
Le Pen, et ceux qui la soutiennent, malgré tous les efforts de banalisation, restent la menace opérante du fascisme, du négationnisme, du rejet et du repli
sur soi pour notre pays, aux antipodes de l’image universaliste des valeurs de
la France dans le monde.
Je pense que Mélenchon fait
une faute morale et éthique, par souci électoraliste et tactique, en ne prenant
pas parti ouvertement : il considère de fait, sur un même registre,
Macron, un libéral que l’on peut combattre démocratiquement dans les urnes et
dans la rue, et une Le Pen, ennemie affichée de la République et de la
démocratie, et représentante des idées les plus rétrogrades et les plus
conservatrices, maquillées sous un verbiage populiste et démagogique.
Elle, qui croît pouvoir
confisquer à son usage exclusif notre hymne national, notre drapeau et fouler
ainsi au pied l’universalisme des idées de progrès, de liberté et d’ouverture qu’ils ont toujours
représentées.
Pour en revenir au premier
tour, j’ai malgré tout écouté et lu attentivement les propositions de Benoît
Hamon, et c’est encore celles qui m’ont le plus séduit parce qu'elles apportent une réelle
vision pour un futur, social, équitable et écologique, et qu'elles génèrent une nouveauté et une vraie aspiration
pour l’avenir de nos enfants.
C’est l’idée la plus proche
que je me fais du socialisme moderne, juste, généreux, créatif et inventif
auquel nous devons prétendre.
Le problème actuel réside
dans un appareil qui est d’un autre âge, plus du tout côté à l’argus de la
modernité citoyenne, et gangrené par les pratiques, devenues habitudes, d’apparatchiks
et de politiciens roués et retors …
Malgré tout, c’est donc pour
Benoit Hamon que j’ai voté, mais surtout pour les idées qu’il a développées dans son
programme.
Car, en opposition, quelle
crédibilité apporter à Fillon, le "bien-pensant" qui croit que sa bigoterie et sa
contrition relative le mettraient à l’abri du « châtiment » et qui
a persisté à vouloir contre vents et
marées briguer la fonction suprême (synonyme d’immunité temporaire, faut-il le
rappeler), pour appliquer un programme d’une extrême austérité pour les
français, mais visiblement pas pour lui.
Les urnes, elles, ne lui ont
pas donné l’absolution et ont fait perdre à son camp une victoire éclatante que
l’on accordait à tout coup à la droite, il y a quelques mois.
Quant à Marine Le Pen, c’est
la caricature du népotisme, avec sa «petite entreprise» familiale très prospère,
elle qui roule son électorat dans la farine en lui donnant les sempiternelles
cibles, sources désignées de son
malheur : immigrés, islam, politiciens, Europe, médias, journalistes, finance,
juges, magistrats….
Alors que c’est au contraire
elle qui illustre paradoxalement le système actuel dans ses pires dérives, en y
adjoignant de la xénophobie, de l’intolérance et des malversations ainsi qu’un
esprit rétrograde et conservateur.
Par ailleurs, elle, la
pourfendeuse soi-disant « anti-système », ne se vante pas que les élites, les cadres
supérieurs, les avocats et les énarques qui l’entourent sont aussi nombreux dans
son parti qu’ailleurs, à la différence près qu’ils ont simplement revêtu la
chemise brune, attirés par l’odeur d’une hypothétique accession au pouvoir et à
une carrière, et parfois même assez grassement rétribués par des fonds
européens, ne l’oublions pas, pour une activité souvent plus que virtuelle.
Il faut vraiment que ce «petit
peuple» qu’elle manipule par de « beaux » discours soit décérébré par
la rancœur, la haine entretenue et le désespoir social : il s’aveugle aussi
docilement pour ne pas voir la supercherie de cette égérie du fascisme moderne, porte parole des
intégristes catholiques les plus
fanatiques…
La cuisine de l’entre deux
tours avec un accord de gouvernement avec Dupont Aignan, et le ralliement de Boutin, montre bien les
compromissions auxquelles elle est prête pour accéder à tout prix au pouvoir,
n’hésitant pas à flatter l’électorat de Mélenchon dont elle qualifie les
propositions d’intéressantes.
Elle ne recule vraiment
devant rien !
Pourtant, elle n’a aucune
solution sérieuse et crédible à avancer, et avec elle et ses acolytes, ce sera
le chaos et le désastre économique et social assuré.
Je ne m’étendrai pas sur
Macron, ne reconnaissant à sa candidature que le mérite de l’audace, de la
jeunesse, mais surtout d’avoir su traduire un raz-le-bol des partis
traditionnels de gouvernement, et la nécessité de reconstruire de vrais projets
politiques et sociaux s’ancrant dans la société civile et s’ouvrant à elle.
C’est d’ailleurs aussi ce
combat politique et la refondation de nos idéaux socialistes qu’il est
indispensable de mener pour combattre les conservatismes et la montée des
populismes, de droite comme de gauche, en responsabilisant les citoyens et en
modifiant profondément le système institutionnel qui fait, aujourd’hui, du
Président de la République, une espèce d’intouchable omnipotent.
Il faut dépasser le mythe
dangereux et illusoire de l’homme providentiel du régime présidentiel de la
Vème République.
Un rééquilibrage des
pouvoirs est indispensable, en faisant place à une intelligence collective constructive.
Il est aussi urgent que
toutes les forces de gauche et
progressistes réfléchissent sur ce qui les rassemble et devrait les unir et qu’elles
le consolident dans un accord programmatique pour enfin dépasser des mesquines querelles d’égos et de petites boutiques
qui conduisent à une élimination systématique de la gauche des scrutins majeurs
dans le Pays.
Alors, après avoir voté le dimanche
23 avril par adhésion, j’irai le 7 mai,
voter par civisme, avec un bulletin Macron, pour faire barrage au danger mortel du
fascisme agissant, dont nos aînés et nos familles ont durement payé le prix,
les dégâts et pour certains les atrocités, sur tous les terrains d’Europe.
Vous aussi allez voter, et faites voter en grand
nombre, car le slogan républicain
« ¡No pasarán!» reste, dramatiquement, plus
que jamais d’actualité.
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1 commentaires
C'est rassurant de savoir que ton esprit n ' est pas endormi mais au contraire bien aiguisé et projette un futur désirable que je partage
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