NO PASARÁN !


En ce 1er Mai 2017, 
un seul message : Dimanche prochain, "¡No pasarán!" !

Le premier tour de l’élection présidentielle a livré son verdict, et restent en lice, comme je l’avais  hélas pronostiqué, Emmanuel Macron et Marine LePen.
Une campagne électorale, fortement impactée et viciée par les affaires touchant les candidats de droite et d’extrême droite, dont l’impunité et l’immunité avec laquelle le système actuel les protège légalement, sont assez sidérantes.
Il est grand temps d’en finir avec cette justice à deux vitesses pour les élus de la République, qui doivent rester des justiciables comme tout un chacun.
Pour ma part, j’ai longtemps été hésitant parce que  marqué profondément par mes propres déconvenues électorales récentes : elles m’ont conduit à la décision irrévocable de quitter le Parti Socialiste et son appareil, qui a encore produit pour la circonstance, avec Hamon et de façon éclatante, les mêmes effets  dévastateurs liés aux trahisons, aux coups bas, aux doubles discours, aux manipulations et aux combines allègrement pratiquées.
C’est le fruit d’une organisation à la dérive, qui doit, si elle veut se sauver, quitter son positionnement de parti de notables, comparables à ceux de droite,  doublés de carriéristes au long cours : cela a conduit une bonne partie du PS à déserter  le combat politique, culturel et idéologique en se cantonnant à l’entre-soi, soi-disant gestionnaire, très loin des vraies préoccupations d’une base militante désorientée par une absence totale de repères et de valeurs.

A mon sens, le plus brillant et le plus séduisant des candidats aura été sans contexte Mélenchon, mais son positionnement européen et sa clémence pour Poutine ou Bachar el Assad, me rappellent trop « les bilans globalement positifs » des pays de l’Est, synonymes d’une certaine époque révolue et qui m’avaient conduit à quitter irrémédiablement le PCF.
Je me souviens d’ailleurs de la campagne de 1969 où j’avais milité pour Jacques Duclos, un autre tribun hors pair, homme simple, direct et proche des français de base, qui avait réussi à rassembler 21,2% sur son nom, à la présidentielle.
J’avais assisté à son meeting Toulousain dans une Halle aux grains archi-comble.
C’est lui qui avait utilisé la formule « bonnet blanc et blanc bonnet » pour ne pas avoir à choisir entre les deux candidats restés en course, Georges Pompidou et Alain Poher qui n’étaient effectivement que des variantes de la même droite conservatrice mais démocrate et républicaine.
Mais cette formule aujourd’hui ne peut se transposer au dilemme auquel  Jean-Luc Mélenchon est confronté, car Marine Le Pen, et ceux qui la soutiennent, malgré tous les efforts de banalisation, restent la menace opérante du fascisme, du négationnisme, du rejet et du repli sur soi pour notre pays, aux antipodes de l’image universaliste des valeurs de la France dans le monde.
Je pense que Mélenchon fait une faute morale et éthique, par souci électoraliste et tactique, en ne prenant pas parti ouvertement : il considère de fait, sur un même registre, Macron, un libéral que l’on peut combattre démocratiquement dans les urnes et dans la rue, et une Le Pen, ennemie affichée de la République et de la démocratie, et représentante des idées les plus rétrogrades et les plus conservatrices, maquillées sous un verbiage populiste et démagogique.
Elle, qui croît pouvoir confisquer à son usage exclusif notre hymne national, notre drapeau et fouler ainsi au pied l’universalisme des idées de progrès, de liberté  et d’ouverture qu’ils ont toujours représentées.

Pour en revenir au premier tour, j’ai malgré tout écouté et lu attentivement les propositions de Benoît Hamon, et c’est encore celles qui m’ont le plus séduit parce qu'elles apportent une réelle vision pour un futur, social, équitable et écologique, et qu'elles génèrent une nouveauté et une vraie aspiration pour l’avenir de nos enfants.
C’est l’idée la plus proche que je me fais du socialisme moderne, juste, généreux, créatif et inventif auquel nous devons prétendre.
Le problème actuel réside dans un appareil qui est d’un autre âge, plus du tout côté à l’argus de la modernité citoyenne, et gangrené par les pratiques, devenues habitudes, d’apparatchiks et de politiciens roués et retors …
Malgré tout, c’est donc pour Benoit Hamon que j’ai voté, mais surtout pour les idées qu’il a développées dans son programme.

Car, en opposition, quelle crédibilité apporter à Fillon, le "bien-pensant" qui croit que sa bigoterie et sa contrition relative le mettraient à l’abri du « châtiment » et qui a  persisté à vouloir contre vents et marées briguer la fonction suprême (synonyme d’immunité temporaire, faut-il le rappeler), pour appliquer un programme d’une extrême austérité pour les français, mais visiblement pas pour lui.
Les urnes, elles, ne lui ont pas donné l’absolution et ont fait perdre à son camp une victoire éclatante que l’on accordait à tout coup à la droite, il y a quelques mois.

Quant à Marine Le Pen, c’est la caricature du népotisme, avec sa «petite entreprise» familiale très prospère, elle qui roule son électorat dans la farine en lui donnant les sempiternelles cibles, sources  désignées de son malheur : immigrés, islam, politiciens, Europe, médias, journalistes, finance, juges, magistrats….
Alors que c’est au contraire elle qui illustre paradoxalement le système actuel dans ses pires dérives, en y adjoignant de la xénophobie, de l’intolérance et des malversations ainsi qu’un esprit rétrograde et conservateur.
Par ailleurs, elle, la pourfendeuse soi-disant « anti-système »,  ne se vante pas que les élites, les cadres supérieurs, les avocats et les énarques qui l’entourent sont aussi nombreux dans son parti qu’ailleurs, à la différence près qu’ils ont simplement revêtu la chemise brune, attirés par l’odeur d’une hypothétique accession au pouvoir et à une carrière, et parfois même assez grassement rétribués par des fonds européens, ne l’oublions pas, pour une activité souvent plus que virtuelle.
Il faut vraiment que ce «petit peuple» qu’elle manipule par de « beaux » discours soit décérébré par la rancœur, la haine entretenue et le désespoir social : il s’aveugle aussi docilement pour ne pas voir la supercherie de cette  égérie du fascisme moderne, porte parole des intégristes catholiques les plus  fanatiques…
La cuisine de l’entre deux tours avec un accord de gouvernement avec Dupont Aignan,  et le ralliement de Boutin, montre bien les compromissions auxquelles elle est prête pour accéder à tout prix au pouvoir, n’hésitant pas à flatter l’électorat de Mélenchon dont elle qualifie les propositions d’intéressantes.
Elle ne recule vraiment devant rien !
Pourtant, elle n’a aucune solution sérieuse et crédible à avancer, et avec elle et ses acolytes, ce sera le chaos et le désastre économique et social assuré.

Je ne m’étendrai pas sur Macron, ne reconnaissant à sa candidature que le mérite de l’audace, de la jeunesse, mais surtout d’avoir su traduire un raz-le-bol des partis traditionnels de gouvernement, et la nécessité de reconstruire de vrais projets politiques et sociaux s’ancrant dans la société civile et s’ouvrant à elle.

C’est d’ailleurs aussi ce combat politique et la refondation de nos idéaux socialistes qu’il est indispensable de mener pour combattre les conservatismes et la montée des populismes, de droite comme de gauche, en responsabilisant les citoyens et en modifiant profondément le système institutionnel qui fait, aujourd’hui, du Président de la République, une espèce d’intouchable omnipotent.
Il faut dépasser le mythe dangereux et illusoire de l’homme providentiel du régime présidentiel de la Vème République.
Un rééquilibrage des pouvoirs est indispensable, en faisant place à une intelligence collective constructive.

Il est aussi urgent que toutes les forces de  gauche et progressistes réfléchissent sur ce qui les rassemble et devrait les unir et qu’elles le consolident dans un accord programmatique pour enfin dépasser  des mesquines querelles d’égos et de petites boutiques qui conduisent à une élimination systématique de la gauche des scrutins majeurs dans le Pays.  

Alors, après avoir voté le dimanche 23 avril  par adhésion, j’irai le 7 mai, voter par civisme, avec un bulletin Macron,  pour faire barrage au danger mortel du fascisme agissant, dont nos aînés et nos familles ont durement payé le prix, les dégâts et pour certains les atrocités, sur tous les terrains d’Europe.

Vous aussi allez voter, et faites voter en grand nombre, car le slogan républicain

« ¡No pasarán!» reste, dramatiquement, plus que jamais d’actualité.

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1 commentaires

  1. C'est rassurant de savoir que ton esprit n ' est pas endormi mais au contraire bien aiguisé et projette un futur désirable que je partage

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