DANS LA GUEULE DE L'OURS

DANS LA GUEULE DE L'OURS
James A Mac Laughlin
Trad :Brice Matthieussent
Editeur : Rue de l'Echiquier


Dans la gueule de l'ours - James A. McLaughlin





Etait-ce prémonitoire du confinement, quand je me suis arrêté en fin de semaine dernière chez Agnès de la Librairie des Thermes :  je lui ai demandé de me conseiller un livre après avoir un peu laborieusement terminé le remarquable « Le Lambeau » de Philippe Lançon, dont j’ai peut être partagé douloureusement le rythme d’une interminable résilience.
Connaissant mes goûts pour la montagne, la nature et l’environnement mais aussi pour les romans noirs, façon thrillers, elle m’a dit sans hésiter : « Dans la gueule de l’Ours ».
Et j’ai été séduit dès les premières lignes par ce récit, à la fois haletant, très écolo et révélateur d’une Amérique profonde, violente et brutale, peuplée de chasseurs, de braconniers, de dealers appartenant aux cartels mexicains de la drogue, et de bikers trafiquants.

Rice Moore vivant sous le pseudo de Morton, est le gardien d’une réserve privée de Turk Mountain, dans les montagnes Appalaches du sud de la Virginie. C’est un scientifique au passé sulfureux qui veut défendre le territoire dont la préservation lui est confiée par une fondation.
Tout en étant en fuite d’un passé criminel et délinquant que l’on découvre peu à peu au fil du récit, il est profondément adepte d’une cause écologiste partagée avec sa collègue scientifique Sara qui l’avait précédé à ce poste.
Découvrant des carcasses d’ours sauvagement mutilés, dépecés, pattes coupées et vésicules biliaires enlevées, il va se heurter à des montagnards persuadés de leur droit coutumier à chasser l’ours mais surtout à de dangereux trafiquants.
Obligé de sortir de son mode de vie autarcique qui le préservait, il va être obligé de se découvrir complètement pour entrer en lutte ouverte avec ces délinquants et rechercher des alliances.
Personnage complexe en quête de rachat il adopte une ligne de conduite morale au service de la cause écologique, dans une nature assez hostile mais dans laquelle il va se fondre  et s’immerger totalement jusqu’à en perdre parfois complètement conscience.
Des scènes quasiment hallucinatoires, se succèdent, où il rentre délibérément dans une communication presque fusionnelle avec les éléments et la terre nourricière.
Le récit s’articule sur la résurgence progressive des éléments du passé qui scande par des allers-retours l’intrigue et ses rebondissements.

Magnifique thriller, ce roman est plus que cela et surtout une ode à la nature, dans laquelle chacun doit trouver ou faire sa juste place.
Rice est en quête de la sienne par une immersion totale où ses pulsions violentes  refont douloureusement surface mais finiront par le sauver.
Ce récit réaliste et haletant a mis en lumière un aspect que je n’imaginais pas aussi développé dans l’économie des trafics mondiaux, celui des animaux sauvages et de leurs organes pour alimenter le marché asiatique, souvent en contrepartie de fourniture de drogues et de stupéfiants, le tout aux mains de mafias et de cartels les plus divers.

Pour mon premier roman du "confinement", il confine, à mon sens, à une belle réussite littéraire.


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