IL EST DES RENCONTRES FERTILES QUI VALENT BIEN DES AURORES
Il est des rencontres fertiles qui valent bien des aurores
(René
Char)
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Le
visage calme, serein et détendu.
C’est
ainsi qu’est parti Jeannot Peyrafitte ; c’est ainsi qu’il a fermé sa
dernière porte sur la vie.
C’est
du moins le souvenir que je vais garder de ma dernière visite, celle de ce
matin du 11 Novembre, à Era Caso, où il avait choisi de finir ses jours en
compagnie de son épouse et entouré de l’affection de ses enfants et de nombre
de ses vrais amis.
Lui,
toujours impeccable, soigneusement vêtu et coiffé, attentif et exigeant à cette
marque de politesse et de respect pour les autres, ceux que sa longue carrière
d’homme public l’a amené à côtoyer, à fréquenter, à accompagner, et parfois à
supporter, sur la route de la vie et de ses combats.
Car
Jean Peyrafitte a toujours été un lutteur, un combattant loyal, des terrains de
football, à ceux de l’entreprise, puis de la vie publique et de la politique,
avec un attachement indéfectible à ses racines, à sa terre, à son territoire.
Des
ors des palais de la République aux stalles des étables Larboustoises, il n’a
jamais reculé devant l’engagement pour les causes qu’il croyait justes,
légitimes, positives et bénéfiques au plus grand nombre.
Toujours
à l’écoute des autres, direct et très accessible, son action a fait que nombre
de gens et de familles lui doivent une aide momentanée ou durable, une
situation professionnelle ou personnelle établie ou rétablie, des contacts
favorisés ou des opportunités offertes, de solides appuis ou des recommandations.
Beaucoup
s’en souviennent, avec gratitude, mais
malheureusement aussi, beaucoup l’ont
rapidement oublié ou même effacé de leur mémoire, en le combattant bassement,
en le salissant ou en le trahissant sans vergogne. Mais la vie publique et la
politique sont ainsi faites : « Vae victis » disait-on déjà dans
la Rome antique. J’en connais moi aussi le prix.
Nombre
de ces crocodiles viendront à coup sûr verser ostensiblement leurs larmes du
même nom, à ses obsèques, uniquement pour qu’on y remarque leur présence
pourtant si vide de sens et de sentiments, et si hypocrite.
Jeannot
Peyrafitte, fait partie de mon environnement familier de vie : très jeune,
que ce soit sur les terrains de foot avec ses fils Pierre et Jean-Louis, sous
les couleurs du BLS, dont il fut un dirigeant très impliqué, un journaliste
sportif assidu et avisé, puis en politique, où mon engagement précoce m’a
conduit très tôt à être un de ses compagnons de route pour réaliser l’accession
d’une alliance de gauche à la mairie de Luchon, avec l’appui d’Henri Denard et
de nombre de leurs camarades et des nôtres.
Puis,
ma vie personnelle m’a conduit « loin » de Luchon, mais sans que j’en
sois totalement coupé, et les hasards de l’existence, des sentiments et des
alliances ont rapproché concrètement nos familles respectives.
Mon
retour à Luchon, après notre succès politique de 2008, avec Louis Ferré et nos
amis, qui a permis à la mairie de retrouver nos couleurs et nos valeurs, m’a
amené à le côtoyer beaucoup plus souvent et à constater, malgré l’avancée en
âge, que l’attrait restait intact et l’attention avisée pour la chose publique
locale, régionale, comme nationale.
Jeannot
était un homme de proximité, avec ses défauts et ses qualités, toujours franc
et parfois emporté, voire colérique dans ses rapports avec les autres, un peu
despotique, comme nombre de leaders de sa génération, d’un paternalisme
bienveillant, mais toujours droit et
loyal en amitié et en parole donnée.
Le
décès récent de Pierre son fils l’avait beaucoup affecté, tout comme celui de
Henri Denard, qui avait pendant de longues années été son adjoint et souvent
son successeur dans les mandats électifs départementaux ou régionaux.
Je
ne ferai pas l’exégèse de son action personnelle et publique, ce serait trop
long et d’autres sauront le faire mieux que moi ; mais je prends
conscience que pour parler de Jean, j’ai beaucoup parlé de moi et de mes
tranches de vie ; alors c’est bien pour synthétiser mon point de vue, que
je paraphraserai Michel Berger, pour affirmer que pour les hommes et les femmes
de ma génération et de la précédente, « On
a tous quelque chose en nous de… Jean Peyrafitte ». (et c’est le plus marquant aujourd'hui, car peu de personnes peuvent y prétendre légitimement comme
lui).
Il
reste en effet gravé à jamais dans notre cœur comme un soutien, un recours, un
ami ou même comme un membre de notre
famille, d’esprit si ce n’est de sang.
Mes
pensées vont bien sûr à toute sa famille, son épouse Renée, sa fille Nicole,
son fils Jean-Louis, très présent quotidiennement à ses côtés, ses petits-enfants et arrière-petits enfants et à toute la communauté du Pays de Luchon et bien au-delà, celle qui
porte aujourd’hui effectivement et sincèrement son deuil.
Voilà, ta route s’achève, Jean, tu fais pour moi partie de « ces rencontres
fertiles qui valent bien des aurores ».
Alors,
Adieu Jean, sois sûr, pour ce qui me concerne, qu'en dépit de la mort
physique, ces vers de René Char résonnent en moi :
« Avec
ceux que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. »
Jean-Louis REDONNET
12-11-2017
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