AMOR, À MORT

AMOR
Dominique Forma
Payot-Rivages




Un vrai roman noir, de ceux qui vous glacent le sang, parce qu'il dépeint d'une façon impitoyable une époque, la nôtre, son cynisme, ses faux semblants, ses compromissions, qui envahissent totalement nos vies que l'on avait cru libérées de leurs "chaines". Une espèce de retour du refoulé....Maximilien et Camille, un couple épanoui, type bobos "libérés", socialement petits-bourgeois ambitieux, bien-pensants et "ouverts", soudés dans une sexualité torride et à l'inventivité entretenue...Et un fils, Yvan bijou de leur amour...Leurs vacances en Provence vont faire basculer leur vie, lorsqu'ils rencontrent Viviane, un paumée, versus post 68, baba-cool qui vend de l'artisanat indien sur les plages. Leur rencontre va bien vite conduire Viviane dans leur lit, et en faire un personnage central de leurs nuits estivales.Mais la jolie Viviane va s'abandonner à cette relation à trois qu'elle croit possible et durable et qui comble le vide affectif de son existence : elle est amoureuse de ce couple et de leur fils et à ce titre prête à tout pour une once de leur amour en retour.Mais la "vraie" vie va reprendre le dessus et ses "valeurs" vont vite faire de sa présence un poids impossible à supporter et une "faute morale" à gommer.En effet Maximilien, enseignant en économie et blogueur à ses heures est remarqué par un de ces communicants qui ont leurs entrées partout en "hauts lieux" et qui va rapidement le mettre sous sa coupe en lui permettant de croire satisfaire son ambition. Celui ci lui propose en effet d'entrer en politique.Et c'est là que la machine infernale s'emballe, que Camille se met au service du destin tracé de son mari, et qu'il leur faut absolument se débarrasser de la "tache" gênante sur un CV d'élu que pourrait représenter Viviane...La chosification de la belle est en marche, l'effet kleenex aussi...L'érotisme est certes très présent, mais c'est surtout l'amour et encore plus son reniement qui sont centraux. Qu'en reste t'il en effet lorsque l'ambition, l'égo surdimensionné et la course au pouvoir, même local, laminent les idéaux et les valeurs d'authenticité et qu'ils font éclater au grand jour les contradictions des personnages et la tyrannie des apparences et de la bien-pensance.J'ai beaucoup apprécié AMOR, pour ce mélange vitriolé d'une étude de mœurs d’une certaine petite bourgeoisie faussement libérée et d'un thriller habilement mené.

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