SUR LES CHEMINS NOIRS

Sur les chemins noirs
Sylvain Tesson
Gallimard.



Si je devais « Twitter » à propos de « Sur les chemins noirs »,de Sylvain Tesson, deux mots me viennent à l’esprit après une lecture, admirative sur la forme, l’érudition, le choix des mots, le sens de la formule et des références littéraires ou historiques, mais plus critique sur le fond, pour le sentiment de confusion qu’elle m’a laissé sur sa démarche : 
injonctions paradoxales…

Sans oser des parallèles prétentieux, j’ai moi-même un peu usé de la méthode de l’échappée en montagne ou par des chemins de traverse et d’altitude (mes chemins noirs à moi), pour reconstruire un mental et un mode de vie bien remis en question par des traumatismes d’une nature différente, mais tout aussi déstructurants, et qui m’ont conduit à réétalonner mon échelle de valeurs.
Mais cette distance nécessaire, loin d’une fuite en avant, éperdue, sans fin et sans issue, doit au contraire mieux nous préparer au retour dans ce monde imparfait et que l’on ne peut rejeter tout à fait, avec l’intention de contribuer à l’améliorer, ou à le transformer quelque peu, c’est selon…
Ce sont les relents passéistes, cette permanence de la nostalgie d’un monde presque révolu, qui m’ont laissé sur ma faim et qui m’ont un peu dérangé, même si je partage le regard critique sur bien des nouveaux poncifs du modernisme, de la course incessante à la vitesse, de la connexion à tout prix et de l’omniprésence du virtuel dans nos rapports sociaux et humains.
Le retour régulier à des valeurs simples, à la convivialité et à la communion avec la nature et ses splendeurs, à leur partage comme antidote à l’uniformisation, à la norme, à l’individualisme et au culte béat de la « modernité », voilà ce que je veux retenir de ce livre au style ciselé et flamboyant que j’apprécie particulièrement.
Mais je veux oublier les idées noires qu’il véhicule de façon un peu récurrente, même si je comprends que la résilience, (« cet art de naviguer dans les torrents », comme la résume Boris Cyrulnik), à échafauder et à opposer, pour digérer le très important traumatisme subi, sur les plans physique, psychologique et moral, puisse passer par d’obscures zones d’ombre.
Mais il ne faudrait pas s’y complaire, et il est indispensable de regagner rapidement le soleil et ses rayons, sources de vie, salutaires au marcheur, à l’écrivain mais aussi au lecteur, contemplatif à ses heures.
Au final, j’ai, malgré ces réserves, bien aimé ce livre et cet auteur ; je lirai avec plaisir ses autres ouvrages pour mieux percer peut-être le véritable fond de sa pensée et de sa réflexion sur le monde tel qu’il va.
Pour ce qui me concerne, et pour conclure, force est de constater que si j’étais un « follower », j’aurais vraiment bien du mal avec Twitter et son principe : pas plus de 140 caractères…


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