LES PUTES VOILÉES N'IRONT JAMAIS AU PARADIS
Les putes voilées n'iront jamais au paradis
Chahdortt Djavann
Grasset

Comme la
prostitution n'existe pas dans cette théocratie chiite, des « brillants
esprits » ont promu le sigheh, une espèce de mariage en CDD, le prix payé du
plaisir étant considéré comme l’équivalent d’une dot.
Voilà comment,
par un tour de passe-passe juridique, l’obstacle est levé : la
prostitution n’existe pas, (même si de temps en temps on lapide quelques putes).
De plus, puisqu’une femme ne vaut que la moitié d'un homme, une pute (même sous le voile) n’a donc pas une grande valeur humaine ; celui qui la supprime pour arracher le pays à l’immoralité, est finalement un bon musulman qui applique la « douce » loi coranique, une sorte de pieux héros.
De plus, puisqu’une femme ne vaut que la moitié d'un homme, une pute (même sous le voile) n’a donc pas une grande valeur humaine ; celui qui la supprime pour arracher le pays à l’immoralité, est finalement un bon musulman qui applique la « douce » loi coranique, une sorte de pieux héros.
L’auteur a
choisi de décrire la destinée de deux
jeunes filles amies, d’une très grande beauté, en l’associant aux témoignages
de prostituées mortes, lapidées, pendues, étranglées, fouettées à mort. Ces
femmes expliquent pourquoi elles sont « tombées » dans la
prostitution.
On patauge
dans la misère, la plus noire, la plus sordide, celle d’une société à l'esprit gangréné.
Pour beaucoup
c'était tout simplement pour survivre, puisque rejetées par leur famille suite
à un viol, déclarées
"impures". D’autres se sont prostituées pour maintenir leur famille, ou
encore pour fournir de la drogue à leur mari ou leur frère junkie.
Et ces deux
jeunes adolescentes n’échapperont pas à leur destin tracé.
Ayant
assisté récemment à la projection au cinéma Rex de Luchon, en avant première,
du film-documentaire « Des rêves sans étoiles », de Mehrdad Ouskouei,
je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec ce roman.
La
thématique en est très proche, mais les conditions de tournage du film ont
assurément imposé ou induit chez le réalisateur une approche beaucoup plus « nuancée »
et prudente du rôle et de la position du pouvoir en place, dans le sort que le
chiisme actif et militant assigne à la femme iranienne.
Un bien long
chemin reste à parcourir pour une émancipation totale de la femme dans ces
régimes théocratiques aux mœurs moyenâgeuses.
Mais voilà un roman que je
recommande vivement à tous, et en particulier pour ceux et celles qui seraient tentés par une dérive islamiste
radicale et fondamentaliste. C’est aussi plus largement un sacré uppercut pour
sortir de l’angélisme ambiant face à un pouvoir exercé par les régimes
religieux ou qui s’en réclament, et ce, quel qu’en soit le dieu.
Notre propre histoire en Occident
en porte aussi de lourds témoignages.
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