DES MOTS SUR NOS MAUX....

QUELQUES MOTS POUR DÉPASSER L'INDICIBLE
L’indicible stupeur causée par un assassinat méthodique et ciblé des collaborateurs et des plumes et crayons les plus réputés d’un journal satirique et indépendant avec lequel nous avons grandi et exercé notre esprit critique depuis les années 1968, celles de notre jeunesse.
L’indicible douleur de voir ces symboles de la liberté de pensée et d’expression si intimement liées aux valeurs fondatrices de notre république laïque, sauvagement attaqués et anéantis dans leur propre siège, pourtant protégé au cœur de notre capitale.
L’indicible dégoût pour ces lâches assassins, qui nous rappellent malheureusement les mots dont Bertold Brecht qualifiait une autre forme d’extrémisme et de fanatisme organisé de sinistre mémoire : « le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde ».
L’irrépressible besoin de milliers de personnes qui ont tenu, chacune à sa manière, à chaque coin de l’hexagone et au delà, à manifester son attachement à la défense de la démocratie et sa solidarité profonde pour toutes ces victimes innocentes de l’intolérance fanatique, du terrorisme et de l’aveuglement sectaire.
L’absolue nécessité de marquer ce soir cet attachement à ce qui nous rassemble majoritairement en se regroupant, sans la moindre peur, au-delà de toutes nos différences, dans le recueillement et le silence partagés en hommage à ces héros morts sur le front de notre propre liberté.
L’évidente certitude que nous avons rapidement besoin que d’autres talents se lèvent et reprennent le stylo et le crayon de l’irrévérence, de l’esprit critique et de l’indomptable humour décapant : tel est l’enjeu de notre résistance citoyenne à toute tentation d’imposer une quelconque pensée unique.
Voilà quelques simples mots que je souhaitais mettre ce soir sur les maux profonds et déchirants qui affectent les proches des innocentes victimes et que nous partageons aussi à notre mesure ; c’est bien sûr le dépassement de l’indicible qui donne le signal d’une nécessaire résilience qu’il nous faut engager tous ensemble pour renforcer notre démocratie et notre liberté d’expression clairement menacées.
Jean-Louis REDONNET
Libellés :
écrit
0 commentaires