Olivia de Lamberterie, dont j'apprécie particulièrement les chroniques littéraires à Télématin, nous livre un remarquable témoignage d'amour pour Alexandre, un frère tant chéri, trop tôt disparu après s'être donné la mort en octobre 2015 à Montréal où il avait choisi d'aller vivre avec sa famille.
En nous faisant participer à leur parcours redoutable et partagé, cernés par la menace permanente du suicide et des multiples hospitalisations en secteur psychiatrique, Olivia nous entraîne dans sa quête éperdue de résilience et de compréhension de l'inacceptable mais si prévisible issue.
Mais loin d'être une chronique pleurnicharde, triste et chagrine, nous sommes pris à témoins d'une vie débordante, brillante, joyeuse et conviviale où Olivia érige peu à peu un rempart contre les larmes, le légitime chagrin et le désespoir, d'autant plus haut que sa complicité avec Alexandre était absolue, presque fusionnelle.
Cela nous vaut un essai émouvant, plein de fulgurances joyeuses, intrépides et profondes, d'humour autant que de colère.
Il est difficile de ne pas s'identifier et de ne pas s'associer à cette démarche, brillamment écrite, d'une résilience réussie et finalement "heureuse".
"Tu ne nous as pas abandonnés. Tu t'es arrangé pour laisser une empreinte si forte dans nos existences qu'elle nous a empêchés de sombrer et qu'elle a fini par nous transcender. Ton existence est indélébile. Tu n'as pas fini de respirer en nous. Ta mort nous a rendus vivants".
Transformer la mort en bonne raison d'un désir de vivre, témoignage de résistance et de fidélité à ce frère qui lui avait ordonné un jour : "Écris ton livre".
Voilà ce qui a valu à Olivia de Lamberterie le Prix Renaudot - Essai 2018, et c'est vraiment justice pour elle, son style et son talent, et aussi pour Alexandre qui vit en elle.
0 commentaires