samedi 29 août 2020

SURFACE

SURFACE
Olivier NOREK
Pocket


J'avais découvert Olivier Norek avec son magnifique 'Entre deux mondes".
Et ce nouvel ouvrage, "Surface", ne m'a pas déçu.
Une intrigue savamment menée, avec une héroïne Noémie Chastain, défigurée lors d'une arrestation d'un malfrat, et que sa hiérarchie envoie en mission contre sa volonté en Aveyron  dans l'ancien bassin houiller et sidérurgique de Decazeville, pour statuer sur la pérennité d'un commissariat de Police Nationale.
Mais cette "mise au vert" qu'elle ressent comme une mise au placard, va lui permettre de révéler et de résoudre une vieille affaire oubliée et au final servir de tremplin à la résilience et à la reconstruction narcissique de cette valeureuse capitaine des Stups.
Une chronique villageoise judicieuse, dans ces contrées où tout le monde se connait, où la crise économique est passée avec ses séquelles sociales et ses rapports interpersonnels et familiaux pesants et sensibles.
Des personnages psychologiquement bien fouillés et bien campés, un rythme soutenu et de nombreux rebondissements font de ce polar une vraie réussite.
Olivier NOREK est bien une valeur sûre du genre.
A lire sans tarder.

jeudi 27 août 2020

MA CABANE, Une échappée sauvage.

MA CABANE, Une échappée sauvage.
Olivier GARANCE avec Delphine SAUBABER
L'ICONOCLASTE



Voilà un livre qui m'a parlé, parce qu'il a exprimé simplement ce que cette montagne des Pyrénées centrales, "notre montagne", a comme pouvoir d'attraction par sa beauté et son caractère encore préservé, parfois quasi sauvage ; ce qu'elle suscite aussi chez moi de respect, d'humilité et ce qu'elle offre de capacité de se ressourcer d'une manière simple, basique, à deux pas de chez nous, puisque ces échappées ont pour cadre la montagne du Mont Aspet, près de Nistos.
Olivier Garance nous y décrit aussi sa trajectoire personnelle de gamin difficile, émaillée de ruptures douloureuses, et nous montre bien que malgré sa réussite, on ne guérit jamais complètement de son enfance, même si l'avancée en âge nous permet parfois de mieux en comprendre les causalités complexes.
J'y ai retrouvé des traces d'un Sylvain Tesson dans son immersion dans la nature, son rapport au temps et son besoin d'échapper à la vie citadine, à ses conventions et à leurs absurdités pesantes tant dans la vie professionnelle que dans l'existence quotidienne. 
On a besoin de ces cabanes, de ces refuges, de ces sentiers perdus, même si ce n'est que pour peu de temps : c'est vital pour notre équilibre personnel.
Une agréable et saine lecture.

Mais Clara Dupont-Monod, chroniqueuse sur France Inter, en a parlé mieux que moi :

"https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-clara-dupont-monod/la-chronique-de-clara-dupont-monod-13-juin-2019"




mercredi 26 août 2020

CE QUE TU AS FAIT DE MOI

CE QUE TU AS FAIT DE MOI
Karine GIEBEL
Belfond.



La lecture de ce roman splendide et déstabilisant sur la passion extrême, sans bornes, sans loi, vous laisse pantois et souvent partagé par des sentiments contradictoires.
Bati sur les confessions croisées des deux protagonistes principaux interrogés par leurs collègues, durant toute une nuit, deux policiers broyés par les effets d'une passion amoureuse irrépressible et qui les a conduit à leur perte, bafouant tout ce qui semblait être leur idéal de vie sentimentale et professionnelle.
La frontière entre le bien et le mal est en constante remise en cause, les personnages d'apparence si forts, sont au fond si fragiles et si troubles que l'on a du mal à suivre leur conduite et leurs agissements contraires à leur prétendue éthique personnelle et professionnelle.
Un roman que l'on ne quitte pas, addictif, douloureux et bouleversant, qui ébranle nos repères et nos certitudes.
Un coup de poing autant qu'un coup de cœur.
Karine GIEBEL est bien une des références du roman noir français, et international.


DES NŒUDS D'ACIER

DES NŒUDS D'ACIER
Sandrine COLLETTE
Livre de poche



Superbe écriture, maîtrise du suspens : Sandrine COLLETTE est une grande auteure.
Un récit terrifiant et glaçant, qui m'a rappelé par certains aspects le fameux film DELIVRANCE, de John BOORMAN, immense succès de 1972 et dont la scène des banjos est restée un moment culte dans nos mémoires.

Théo, sort de prison pour avoir tabassé son frère au point d'en avoir fait un déficient mental et physique profond. Il lui rend visite pour constater son état, malgré l'interdiction qui lui est faite. 
Il est surpris, s'enfuit et cherche à se faire oublier dans une contrée peu fréquentée de la France profonde, où il se présente en touriste. 
Il s'adonne donc à la randonnée.
Jusqu'au jour où il va à son insu courir et concrétiser l'impensable risque de devenir un esclave, un chien plus précisément, parce que il aura eu l'audace de s'aventurer dans un de ces derniers endroits reculés, où les forêts sont noires et profondes, et dont la densité de population s'apparente à celle de la Lozère. Là il devient la proie de deux frères absolument dégénérés, à la violence bestiale...

Un récit hallucinant et addictif, où l'on souffre profondément au diapason du héros.
J'ai adoré ce roman bien qu'il soit anxiogène, mais tellement bien mené jusqu'à son terme.
Chapeau Sandrine COLLETTE.

mardi 25 août 2020

L'ÉTÉ DES CHAROGNES

L'ÉTÉ DES CHAROGNES
Simon JOHANNIN
Roman Poche

Simon JOHANNIN ne fait pas dans la dentelle, ni dans la délicatesse, ni dans l'atermoiement.

Ce roman à l'écriture violente, sans fard, décrit une enfance dans un espèce de tiers lieu rural, La Fourrière, où s'entassent et vivent des relégués, des parias, des repris de justice, des paysans dans une ambiance fétide de charognes issues d'abattoirs, où les gamins dépècent des agneaux, martyrisent des chiens, ramènent leurs parents en voiture après des beuveries magistrales, jouent ingénument au milieu des carcasses d'animaux. 
Les déchets s'entassent, dégoulinent, l'odeur de la mort pénètre dans toutes les maisons et imprègne tous les corps. 
Ainsi passe une enfance et une adolescence, brutale mais assumée par tous.
Mais comme tout a une fin, il faut partir et se confronter à la ville et à ses lumières.
Chercher un futur, un ailleurs, un paradis artificiel.
Un rite de passage vers la vie adulte, mais laquelle ?

Une belle plume, mais j'avoue une rupture entre la seconde partie et la première que j'avais trouvée assez magistrale.
La seconde m'a un peu perdu et désorienté.
Toutefois ce livre est assez décoiffant par sa simplicité et son style direct et sans fard.